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G comme Gainsbourg



Pour moi, il reste Lucuen Ginzburg. C'est celui que j'aime. Avant Gainsbourg, avant Gainsbarre. C'est un homme très pudique. D'où ces noms pour mieux se cacher derrière. Quand il a trouvé ce monstre de Gainsbarre, c'était comme Jekyll et Hyde. Une autre façon de mieux se cacher. C'est un grand romantique. Il est très proche de l'enfance. (1990)

 

G  comme Godard (Jean-Luc)


J'ai tourné avec Godard, Soigne ta droite, aussi, le seul truc marrant avec la proposition de Jean-Luc Godard, c'est qu'il m'avait téléphoné, laissant un message sur mon répondeur avec son accent suisse en me disant "Je fais un film sur la cigale et la fourmi, voulez-vous bien être la cigale ?" C'était Villeret qui jouait la fourmi, j'ai cru que c'était une blague, mais Jacques Doillon m'avait dit que c'était bien sa voix... La répétition pour la scène que je devais tourner dans une voiture décapotable était assez extraordinaire. Voilà Godard, très enrhumé, avec une grosse écharpe, qui passait l'éponge sur le pare-brise de la voiture avec pas mal de violence et ensuite sur mon visage qui se trouvait là. Après la prise avec Villeret qui était bien plus tendre, il s'est exclamé  "C'est de la merde ! ", j'ai pas fondu en larmes, mais comme le gros plan était sur moi, j'ai pris ça assez personnellement. Caroline Champetier, la chef opérateur, m'a réconfortée un peu plus tard dans le port de Trouville ou c'était plutôt moi qui l'ai réconfortée parce qu'elle était en larmes tout en me disant "C'était rien de personnel, c'est ce qu'il pense de lui-même".(2018)
 

G comme Gabrielle (Crawford)



Avoirune copine, c'est vraiment  ce qu'il y a de plus formidable dans la vie. On a ses frères et ses soeurs, on a ses enfants, et il y a cette place privilégiéequ'est l'amitié. Gabrielle devine les choses avant qu'elles arrivent. Elle est là, avec sa main. J'espère que ma main a aussi été là pour elle. Gabrielle a été une ère de substitution pour mes filles. Nos enfants avaient le même âge, ils étaient comme des cousins. (2014)



 

G  comme Gala de l'Union

Au Gala de l'Union, j'ai marché sur un fil de fer, habillée en lapin, et je devais ramasser des carottes sur le fil de fer, en plus, on m'a bandé les yeux après trois semaines de répétition... Ensuite, j'ai fait un numéro de charme où je me suis fais mordre par un phoque, j'en ai gardé une grosse cicatrice sur la jambe. Après ça, j'ai fait du patin à roulettes avec Nono : il avait dans sa bouche une boule en caoutchouc avec une bandelette que je mettais autour de ma tête, on se tenait par les mains on allait de plus en plus vite et puis on lâchait tout, et je tournais sur cet axe autour de lui, suspendue par la tête. Mon Dieu ! Je vomissais après chaque répétition, c'était très dangereux, j'étais contente de faire ça pour un gala de bienfaisance, je me disais :  " Ils ne vont tout de même pas me jeter des tomates ". C'est le genre de truc excitant que j'ai toujours aimé faire. Un fois, j'ai fait le mur de la mort dans une fête foraine. J'ai grimpé sur le dos d'un type, en plus il m'a avoué par la suite qu'il n'avait jamais pris de passager jusque-là. On a monté le mur en tournant : ça va incroyablement vite ! C'était un coup de vertige comme ça, pour voir. (1985) 

H comme Horowitz (Israël)



Dabadie a traduit la pièce sur mesure pour moi comme il l'avait déjà fait avec Romy Schneider. Pendant onze mois, il a pensé à nous deux, Pierre Dux et moi. Si on réfléchit bien, les meilleurs rôles de Romy, la performance de Deneuve dans "Le Sauvage", c'était lui. Il a l'air sûr de lui et en fait il ne l'ai pas du tout. Il a le système nerveux qui craque. C'est plutôt bon signe. C'est une très belle pièce. Comme la plupart des pièces d'Horowitz, il y a un leitmotiv de vengeance. Je crois que Horowitz aussi était bourré de complexes. (1990)

 

I  comme Ile de Wight


C'était la vie rêvée. On inventait des histoires, on les jouait. Mon premier film, je l'ai tourné comme actrice à treize ans. Mon frère était le metteur en scène. Il l'a refait quand j'avais seize ans et lui dix-sept. Il a présenté son film à Harrow et il a fait payer l'entrée à ses camarades six pence. On l'avait obligé à couper une scène où j'embrassais un garçon dans une barque. C'était pourtant parfaitement innocent. Comme mon frère était très malin, il a mis sur l'affiche "censuré", ce qui a fait venir plus de spectateurs. C'était mes véritables débuts d'actrice. Auparavant, j'avais joué dans un film familial où mon père tenait le rôle d'un contre-bandier. J'avais alors douze ou treize ans. Plus tard, j'ai joué le rôle d'une tuberculeuse qui mourait sur les rochers de Brighton. C'était très dramatique et j'aimais ça. Les meilleurs films que je ferai jamais, ce sont ceux-là, ceux de mon frère.(1978) 
 

I  comme Interviews


J'aime beaucoup les donner et j'ai très peur quand elles vont sortir. Je n'ai pas l'économie des mots. C'est un ravissement de parler et c'est la panique ensuite.(1990)

 

I comme Internat



Nous étions logées dans de petites maisons indépendantes. Il fallait courir le matin pour regagner la maison mère, souvent il m'arrivait de tomber, je trouais ainsi mes bas que je devais recoudre le soir avant de me coucher. C'était un engrenage infernal qui faisait que j'étais tout le temps en retard. Au bout de quatre retards, nous étions pénalisées gravement Même punition en cas de mauvaise note ou d'indiscipline d'un seul membre du groupe : c'est le groupe tout entier qui est sanctionné ! Pour une fille de douze ans, c'est terrible comme responsabilité. Tu as l'impression que si tu ne fais pas bien, tu coules l'Angleterre. (1978)j

 

J  comme Je t'aime.... (la chanson)



Je l'ai aimé dès la première écoute, chez les parents de Serge. C'était d'un érotisme insouttenable, je me sentais fondre. Et puis, Serge m'a proposé de la chanter avec lui. J'ai accepté immédiatement car je ne voulais surtout pas qu'il la refile à Mireille Darc ou une autre blonde. Cette chanson était pour moi. On l'a enregistrée à Londres, en même temps que tous les morceaux de l'album. Et alors là : nouveau scandale. L'album fut tout de suite interdit par le pape et banni sur la BBC. J'étais très choquée car la mélodie me semblait magnifique. Je comprenais bien qu'on gémissait un peu fort, mais de là à interdire l'album.... Lorsque je l'ai fait écouter à mes parents, j'ai pris soin de lever le bras de la platine pendant les ponts, lorsque nous respirions trop fort. Je mettais juste les passages où je chantais. Mais Andrew leur a fait écouter le morceau dans son intégralité. Ma mère a été gentille : elle m'a dit qu'elle aimait beaucoup la mélodie. Mon père, lui, m'a dit que la pochette était jolie... Imagines-tu ce qu'ils ont dû penser de ce disque ? J'avais déjà fait Blow up, et, là, je remettais ça en musique. C'était un peu comme si j'avais eu un casier judiciaire, un "criminal record". C'était un "criminal record"... Et plus tard, j'ai posé dans Lui. Là, mon père a dû frôler la crise cardiaque, même si les photos, quidées par Serge, étaient tout à fait artistiques. Moi, je faisais tout ça, pour plaire à Serge. C'était mon seul but : plaire à Serge. (1991), j

 

J  comme Je t'aime.... (le film)


 Le film de Serge a fait scandale partout en Europe. Les gens en parlaient comme d'un film de cul. Personne, à part des types de l'intelligence de Truffaut, n'a réussi à comprendre l'art de Serge à l'époque. C'était un grand film, avec une histoire shakespearienne, une vraie trame et trois personnages dont Joe Dallessandro, qui était fantastique. Joe apportait un côté mystérieux au film, c'était un type très fou, qui se comportait comme un gentleman la semaine et qui se déchaînait le week-end. Mais le film était magnifique et le seul cinéma londonnien à le projeter était le Classic Moulin , un ciné de cul à Soho. J'avais telllement honte. Les critiques anglais étaient vraiment les pires, ils ne pigeaient rien. Maintenant que Serge est mort, ils tentent de se rattraper. C'est un peu sournois... Est-ce que ça rend Gainsbourg heureux de savoir que son art est reconnu après sa mort ? Il y a eu un très bon article récemment, dans un journal que ma mère m'a découpé. Le journaliste y posait ce que je considère comme la question essentielle :  en Angleterre, avons-nous un Gainsbourg ?   Alors, le type écrivait :   " Nous avons bien Untel, qui a une jolie voix, mais a-t-il de l'humour ? Et puis, nous avons aussi Untel qui est audacieux, mais peut-on dire qu'il a du talent ? " J'étais ravie de lire enfin un article qui reconnaissait la particularité de Serge, ses dons d'écrivain, de compositeur, mais aussi son côté adolescent. Serge n'a jamais perdu son côté frimeur, en particulier avec l'argent. Il atoujours flambé avec son fric, comme un adolescent. Il aimait exposer ses disques d'or sur le mur, au-dessus de son piano. C'était sa grande fierté, son plus grand bonheur... Il était aussi incroyablement romantique et sentimental à la manière d'un gamin. (1991)f

 

J comme Jalousie



En amour, je souffre, j'attends que le téléphone sonne. Et si l'autre a dix inutes de retard, je suis sûre qu'il a rencontré une femme. Un jour, comme ça, j'ai défoncé à coups de pieds le joli attaché-case que je venais d'offrir à Serge ! Coup de bol, je ne suis pas amoureuse en ce moment, je peux écouter les confidences des hommes que j'ai adorés sans avoir envie de vomir. (2002)


 

K comme Kate


Elle redémarre avec sa collection. Il y a six modèles. Je crois que le monde du cinéma est bien moins dur que celui de la mode. Qu'est-ce qu'elle travaille ! Mais c'est flagrant, elle est faite pour ça. J'étais ravie quand, à propos de sa première collection,  Le Monde a écrit : "" La suite est assurée.."  Au début, les photographes étaient braqués sur Charlotte et moi et peu à peu ils se sont tournés vers le podium où défilaient ses modèles. Elle soigne drôlement bien ses détails, le dos, les manches... Kate, c'est une fille impeccable, et têtue. Si elle a survécu, c'est parce qu'elle l'est. Pour moi, elle a la grâce. (1990)



 

L comme Lou



Elle est la gaieté même. A son passage, on a l'impression que les gens s'ouvrent.
A 7 ans, elle a déjà un sens très développé de la psychologie. Je l'ai emmenée partout parce qu'elle me rendait la vie gaie. Que ce soit en mer de Chine ou au théâtre. Pour la pièce de Balasko, "L'Ex-femme de ma vie", j'avais très peur. Elle m'a dit : "Faut penser à être vraie comme tu fais tous les jours."  L'autre jour, elle m'a annoncé qu'elle voulait être bouddhiste. Ca m'a intéressée. Avec mes filles, j'ai un échantillonnage complet des religions , l'une a un père catholique, l'autre jjuif et la troisième protestant. J'ai demandé : "Pourquoi Bouddha?".  " Parce qu'il est le seul  a ne pas avoir l'air de souffrir." J'adore le monde vu par Lou. (1990)
    
              




 

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